Fin 2018, une toute nouvelle concession agricole voyait le jour en Hesbaye. À la base du projet, quatre jeunes déjà bien au fait du métier dont une demoiselle, Donatienne De Wulf. Après plus d’un an de fonctionnement, elle dresse le bilan et revient sur quelques faits marquants.
Agrigeer c’est avant tout l’histoire d’une équipe : Emile Bollinne, Amaury Dubuisson, Jean De Wulf et Donatienne De Wulf, quatre compères qui travaillaient ensemble dans une concession agricole. « Quand celle-ci a été à remettre, mon cousin, Jean, et moi, avons manifesté le souhait de la reprendre. Malheureusement cela n’a pas pu se faire ».
Des profils complémentaires
Les jeunes gens décident alors de contourner l’obstacle et de développer leur propre projet : « Ce n’était finalement pas plus mal de commencer à zéro. On partait sur des bases saines, avec quelque chose de plus petit et plus facile à gérer, sans casserole, sans reprise mal évaluée ou stock non écoulé. Nous avons travaillé d’arrache-pied à sa mise en œuvre et Emile et Amaury ont pris part à l’aventure. Leurs profils étaient complémentaires aux nôtres et nous avions déjà l’habitude de travailler ensemble, la combinaison était parfaite ».
Chaque associé a pu mettre son expérience passée à profit et a aujourd’hui la charge de son propre département : « Nous occupons à peu de chose près les mêmes postes qu’avant, avec le côté « patron » en plus. Amaury gère la vente du matériel agricole et de transport. Émile s’occupe du côté technique, de l’organisation de l’atelier et du service après-vente. Jean est responsable de magasin et du secteur parcs et jardin. Enfin, l’administratif, le financier et le marketing, c’est moi. Du coup, je fais un peu le pont entre les départements. On prend les grosses décisions ensemble mais chacun gère les détails de sa spécialité de manière autonome ».
Lors de l’élaboration du projet la cerise sur le gâteau fut la possibilité de proposer la marque John Deere : « Nous étions en discussion avec de très bonnes marques mais nous n’avions jamais espéré pouvoir travailler avec John Deere. Cette proposition a été une aubaine puisque nous connaissions déjà tous la marque, les pièces, les diagnostics… et nous en étions convaincus. Ça a véritablement été une chance de pouvoir démarrer la société de cette manière ».
Outre la marque John Deere pour les tracteurs et le matériel de récolte, Agrigeer travaille avec des marques incontournables dans le machinisme agricole telles que Kramer pour les télescopiques, KUHN pour le travail du sol et les semis, Joskin pour le transport et l’épandage, et Carré pour les équipements de désherbage mécanique… etc.
En attendant le nouveau bâtiment…
La concession a tout d’abord pris ses quartiers à Hannut. « Dans l’attente de la construction d’un tout nouveau bâtiment, nous nous sommes installés rue de la Sucrerie. Mais, tout est vite devenu trop petit. Pour contrer cela et offrir le meilleur service possible nous avons équipé au mieux nos camionnettes. Durant cette période, les mécaniciens ont été vraiment patients car les conditions de travail n’étaient pas optimales mais, depuis le début du mois de mars, nous sommes heureux de pouvoir accueillir notre personnel et nos clients dans nos nouvelles infrastructures dans le zoning de Geer ».
Pour une première année de vente le bilan est positif : « En 2019, nous avons vendu une petite quinzaine de gros tracteurs et la moitié de 40 chevaux. Nous sommes aussi très satisfaits des ventes réalisées dans les autres marques et dans le secteur parcs et jardins. Pour 2020, plus d’une dizaine de tracteurs sont déjà en commande. On espère bien dépasser les chiffres de 2019 mais pas de manière excessive car nous devons être capables d’assurer le service derrière. C’est notre priorité et nous ne souhaitons pas être avalés par une croissance trop importante ».
La confiance, la disponibilité et l’équipement
Pour la constitution de sa clientèle, Agrigeer a pu compter sur la renommée de ses fondateurs et employés mais pas que… : « Le fait de nous avoir déjà côtoyés a sans doute aidé certains clients à nous accorder plus rapidement leur confiance mais la marque, l’équipement et le stock sont également des éléments qui ont fait la différence. Notre jeunesse et notre disponibilité sont d’autres atouts. Nous sommes quatre, il est donc toujours possible de joindre l’un de nous en cas de panne. En tant que jeune, on est aussi plus flexible mais ce n’est pas pour ça qu’on ne met pas des limites. On peut nous en demander plus mais on reste vigilant et nous ne sommes certainement pas plus laxistes que les autres dans les ventes ou le service ».
À moyen terme, les jeunes entrepreneurs vont donc prendre leurs marques dans leur nouveau bâtiment et travailler au développement de leur service : « Notre nouveau showroom nous permettra aussi d’exposer du matériel pour les parcs et jardins. On aimerait aussi pouvoir offrir un service identique à nos clients néerlandophones. Mais, ce que nous souhaitons plus que tout, c’est rester à taille familiale ».
«Quitter l’agricole? Impossible!»
Mis en ligne le 10/03/2020 à 15:22
D. Jaunard
Après des études de marketing à l’Ephec à Bruxelles, Donatienne réalise un bachelier en gestion d’entreprise à Gand. « Je voulais peaufiner mon néerlandais et je n’étais pas encore prête à travailler ». Fille de ferme, elle ne se destinait pas forcément à un métier « agricole » : « Je suis clairement une fille de la campagne, j’ai toujours aimé ça et je revenais régulièrement à la ferme lors de mes études mais, je ne m’étais pas fixé comme but de travailler dans le secteur. J’ai réalisé mon stage dans une concession près de chez moi et j’ai adoré ça ! Aujourd’hui, c’est une vraie passion. Il serait impossible pour moi de me dire que demain je quitte l’agricole ! ».
Dans une équipe d’hommes plutôt fonceurs, Donatienne apporte de la rigueur et de la structure. Un côté maternelle qui apporte donc de l’équilibre. – DJ
Rare femme dans un milieu plutôt « masculin », Donatienne s’est pourtant toujours sentie à sa place. « J’imagine que mon caractère assez tranché n’y est pas pour rien. Je trouve même que le fait d’être une femme me facilite les choses. Les clients sont toujours plus conciliants avec moi. Bien sûr, il y a aussi de la grivoiserie mais ça reste correct et je peux compter sur mes collègues pour rappeler les limites. Si je devais pointer une difficulté rencontrée ça serait plutôt ma remise à niveau au point de vue technique. Dans ce cas, le fait d’être 4 est encore un avantage car je peux toujours m’adresser aux garçons quand mes compétences font défauts ».
« La petite maman »
Les spécialités des associés d’Agrigeer se combinent bien et il en est de même pour leur profil organisationnel. « Dans l’équipe ça roule bien. C’est tellement facile de travailler avec des hommes, on peut tout demander et pointer du doigt ce qui doit être amélioré sans prise de tête. Les garçons ont un côté fonceur mais je suis toujours là pour les recadrer et leur rappeler de regarder en arrière. Ça s’équilibre bien même si je pense qu’il n’en faudrait quand même pas deux comme moi dans l’entreprise ». Des arguments que ses collègues confirment : « Je n’ai pas vraiment l’impression de travailler avec une fille, du moins, ce n’est pas ça le plus important. Mais, il est clair que Donatienne nous apporte de la rigueur et a une vision plus structurée. C’est la « petite maman » de l’équipe et elle est le plus grand soutien marketing d’Agrigeer, tout le monde retient son prénom… même si des fois ce n’est pas forcément pour les meilleures raisons », explique Amaury.
Une école de vie formidable
Donatienne s’occupe plus particulièrement de la gestion stratégique mais elle ne rechigne pas à mettre les mains dans le cambouis : « Je fais beaucoup de bureau mais je suis tout à fait capable de seconder les autres. J’accompagne Amaury en vente ou fait l’appoint pour un dépannage sans souci. J’adore la diversité de mon métier. J’apprends de nouvelles choses chaque jour et je n’hésite jamais à consulter ma famille ou des amis spécialisés dans les domaines que je ne connais pas. Tout ça c’est beaucoup mieux que l’université pour apprendre ! »