En synergie avec les autres sites, notamment celui de Soumagne, l’usine polonaise du groupe Joskin constitue depuis 25 ans un maillon essentiel dans l’expansion internationale du constructeur. Un rôle qu’elle doit, d’une part, à la présence en nombre de soudeurs, devenus une denrée rare en Belgique, et à son unité de galvanisation, un investissement majeur concrétisé en 2010. Une visite s’imposait !
À l’étroit dans ses murs de Soumagne, Joskin n’a eu d’autre choix que de lorgner vers d’autres sites afin d’étendre ses installations. C’est ainsi, entre autres raisons, que le constructeur s’est tourné vers la ville de Trzcianka (ouest de la Pologne, à une centaine de kilomètres au nord de Poznan), en 1999. Ont suivi la création du site français de Bourges (2002), dédié à la fabrication des bennes céréalières et TP, la naissance de l’entité andrimontoise Spaw Tech (2007), spécialisée dans la soudure, et l’acquisition du constructeur français de bennes et épandeurs Leboulch, en 2012. D’ici quelques mois, c’est un site luxembourgeois, spécialisé dans les grands gabarits, qui viendra compléter cette liste.
Entre-temps, l’usine polonaise est certainement celle qui a le plus grandi, contribuant ainsi à assurer la croissance internationale du Belge. Et Victor Joskin, fondateur du groupe éponyme, de confesser : « Sans Joskin Polska, le groupe ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui ».
Pallier la pénurie de soudeurs en Belgique
Les débuts n’ont cependant pas été faciles… Face à la pénurie de main-d’œuvre technique en Belgique, et plus particulièrement de soudeurs, et au risque de voir des concurrents se développer en s’appuyant sur des structures de coûts plus avantageuses, une décision doit être prise. Laquelle ? Travailler avec des sous-traitants externes ou ouvrir un atelier de production à l’est ? La famille mise sur la seconde option et Victor Joskin parcourt la Pologne de long en large, guidé par un employé qui en est originaire.
Cependant, investir dans un pays d’Europe l’Est, ne faisant pas encore partie de l’Union européenne et dont la langue diffère drastiquement du français, constitue un véritable défi. « Nous cherchions depuis plusieurs mois à nous installer dans le pays lorsque nous sommes tombés, à Trzcianka, sur un site abandonné, autrefois actif dans la production de maisons préfabriquées. Sur papier, cela ne semblait pas prometteur… Mais, en parallèle, apparaissait l’opportunité de reprendre une entreprise de soudure en difficulté installée à Pila, à environ 25 km de là. »

Outre la possibilité de pallier la pénurie de soudeurs, la famille entrevoit un fort potentiel de croissance en Europe de l’Est. La décision est donc prise de s’installer dans l’usine de Trzcianka, s’étendant sur 6 ha, et d’y transférer le personnel de Pila. Joskin Polska, comptant 43 employés, voit ainsi le jour ; d’abord en coentreprise avec un entrepreneur polonais puis en totale propriété, suite à une augmentation de capital.
De la soudure au montage de machines finies
Durant les premières années, le site est modernisé, tant au niveau des bâtiments que de l’outil de production. Son activité essentielle consiste à souder des pièces acheminées de Soumagne et dispatchées, dans un second temps, vers les différentes lignes de montage en Belgique, puis en France. Des tâches de pliage s’y ajoutent rapidement. Il est, en effet, plus avantageux d’expédier de l’acier plat depuis le siège historique.
Progressivement, le site prend son essor. Aux activités de soudure et pliage s’ajoute la production de machines simples, telles que les tondeuses de refus ou les petites bennes à ridelles de la gamme Trans-EX. Cette nouvelle mission entraîne l’installation d’une première ligne de peinture et la construction de nouveaux bâtiments.
Au fur et à mesure des années, le site polonais s’est agrandi et a vu de nouvelles tâches lui être confiées. Aujourd’hui, il s’étend sur 25,5 ha, dont 72.000 m² sous toiture. Si 12.000 m² – dédiés à l’assemblage des rampes et injecteurs de lisier, bétaillères Betimax et plateaux Wago galvanisés, entre autres – viennent de sortir de terre, la surface est encore amenée à croître, avec la construction prochaine de trois halls de 4.500, 600 et 8.300 m². L’usine compte 380 employés, dont 90 soudeurs.

Sur place, on retrouve, pêle-mêle : un département de soudage comprenant sept robots automatisés pour le soudage de pièces, deux robots pour le soudage de caisses, et de multiples postes de soudage semi-pulsés sur gabarits ; deux lignes de peinture semi-automatiques, comprenant le grenaillage, l’application de la peinture et le séchage ; une unité de galvanisation ; huit lignes de montage ; des magasins automatisés ; un espace d’exposition ; une zone de test d’étanchéité des tonneaux, des zones de chargement et déchargement…
Outre les tondeuses de refus et petites bennes à ridelles, les ouvriers prennent en charge le montage de tonnes à lisier, épandeurs de fumier à caisse étroite, bennes à ridelles de plus grandes dimensions, remorques-plateaux, bétaillères et, enfin, injecteurs et rampes d’épandage.
Des sites qui se complètent
Joskin Polska vient de célébrer ses 25 ans et n’est ni plus ni moins que la première unité de production du groupe. Pour Victor Joskin, les sites de Trzcianka et Soumagne se complètent, l’un ayant besoin de l’autre et vice-versa. À titre d’exemple, l’usinage de précision des pièces est réalisé en Belgique, avant que celles-ci ne partent vers la Pologne. De même, le châssis des remorques Drakkar est conçu à Trzcianka alors que la caisse voit le jour à Soumagne, où a lieu l’assemblage des deux parties.
Si 2.000 machines quittent le site chaque année, ce nombre devrait encore grandir à la faveur de nouveaux investissements. La possibilité d’y installer une ligne de découpe-laser de tubes et profilés, en complément des lignes de Soumagne, est à l’étude. Des réflexions sont aussi en cours en matière de peinture. « Il s’agit du principal goulot d’étranglement dans la production. Malgré deux lignes existantes, des solutions devront être trouvées pour augmenter la productivité et, autant que possible, la qualité du revêtement », explique-t-il.

e site polonais a contribué à faire du groupe belge ce qu’il est aujourd’hui, œuvrant grandement à son expansion internationale. Et ce, d’autant que les projets d’agrandissement de l’usine historique de Soumagne sont à l’arrêt en raison, notamment, d’un manque de place. « S’établir à Trzcianka a permis de repousser les limites », ajoute-t-il. Sans que les autres sites ne soient phagocytés. « Chaque évolution de Joskin Polska a permis le développement du personnel à Soumagne et le maintien d’une activité rentable ailleurs. » Il devrait encore en être de même dans les années à venir.
Jérémy Vandegoor