Chaque année, le marché belge des tracteurs évolue… Quel constructeur a vendu le plus de modèles de plus 50 ch ? Quel tractoriste a vu ses parts de marché croître ? En la matière, 2023 n’a pas connu de grandes évolutions. On retiendra néanmoins que le marché s’affaisse pour la seconde année consécutive.
Janvier est traditionnellement un mois de statistiques dans la presse. Et Le Sillon Belge n’y échappe pas car Fedagrim – la Fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements pour l’agriculture et les espaces verts – vient de faire le point sur les ventes de tracteurs pour l’année écoulée.
Un marché qui s’autorégule
Les chiffres (tableau 1) montrent que le nombre de tracteurs immatriculés en 2023 en Belgique fléchit une nouvelle fois. Concernant les engins d’une puissance supérieure à 50 ch tout d’abord, une chute des immatriculations de près de 11 % (- 224 unités) a été observée, par rapport à 2022. Cela confirme la baisse amorcée après le pic de ventes enregistré en 2021.
Sur le marché des tracteurs de moins de 50 ch, la diminution des immatriculations est moins impressionnante (-6,5 %, soit – 68 unités). Elle fait toutefois suite à un effondrement de 20 % observé entre 2021 et 2022. Précisons néanmoins que ces modèles ne sont pas systématiquement immatriculés : les engins qui n’empruntent pas la voie publique (utilisés exclusivement sur des propriétés privées, par exemple) ne sont pas enregistrés auprès de l’administration et n’apparaissent pas dans les chiffres.
La fédération estime toutefois que ce déclin n’est peut-être pas anormal, car 2021, étonnement boostée par la crise sanitaire, a été une année record en matière de ventes, toutes puissances confondues. Il semble donc logique que le marché se régule et retourne à son niveau d’antan, après avoir été saturé.
Par ailleurs, une comparaison avec les années antérieures nous montre que les ventes réalisées en 2023, bien qu’en recul de près de 300 unités par rapport à 2022, sont similaires à ce qui a été observé en 2018 et 2019, soit bien avant la pandémie de Covid-19.
La situation générale en Flandre, et plus particulièrement les interminables tergiversations du gouvernement régional dans le dossier « azote », a miné le moral des agriculteurs. Incertitudes et investissements ne vont que rarement de pair. Cela constitue une explication supplémentaire au recul des ventes.
En 2024, Fedagrim observera avec attention le marché, afin de déterminer si les ventes de tracteurs de moins et plus de 50 ch remontent, respectivement, aux alentours de 1.000 et 2.000 unités. Si l’enthousiasme régnait lors d’Agribex, salon organisé par ladite fédération, il s’agira de voir si cela se confirme dans les investissements.
Plus de 50 ch : un trio de tête inchangé
Une analyse constructeur par constructeur nous livre quelques informations complémentaires (voir infographie). Ainsi, les six marques les plus vendues se maintiennent par rapport à 2022 et totalisent, ensemble, 80 % des ventes (85 % en 2020).
Sur le podium, le trio est inchangé. John Deere s’adjuge 22,54 % des parts de marchés (23,48 % en 2021) et caracole en tête pour la deuxième année consécutive. New Holland, en légère progression, occupe la deuxième place, avec 19,61 % des ventes (18,68 % en 2021). Fendt se montre stable et monte une nouvelle fois sur la troisième marche (13,53 % en 2023, 13,07 % en 2021).
Derrière, Deutz-Fahr se maintient entre 10 et 11 %, tandis que Case IH cède 0,5 % à ses concurrents, passant de 9,10 à 8,64 % des parts de marché. Enfin, Massey Ferguson conforte ses 5 à 6 % acquis depuis 2020. Hors de ce top 6, suivent Valtra, avec 5,16 %, et Claas, Steyr et Kubota, tous trois sous 4 %.
Plus loin dans le classement, épinglons encore McCormick et JCB qui ont doublé leur vente. Le premier a écoulé 13 tracteurs en 2023 (0,71 % des parts de marché) tandis que le second en a vendu 11 (0,60 % des parts de marché). En 2022, ils avaient chacun trouvé preneurs pour six tracteurs.
La seconde infographie ci-jointe livre également des informations quant à la répartition des puissances immatriculées.
Moins de 50 ch : Solis repasse devant Iseki
Du côté des « petits » tracteurs, le trio de tête se composait de la manière suivante en 2022 : Iseki (19,41 % des parts de marché), Solis (17,83 %) et Escorts (13,20 %). Iseki avait alors ravi la première place à Solis.
En 2023, c’est l’inverse ! En effet, Solis s’empare à nouveau de la première place (24,39 % des parts de marchés, + 6,56 %) et renvoie Iseki en deuxième position (23,97 %, + 4,56 %). Les chiffres montrent surtout que les deux concurrents ont progressé et qu’ils se tiennent dans un mouchoir de poche.
L’Indien Escorts, en léger recul (11,51 %, – 1,69 %), quitte le podium, au profit de Kubota. Le Japonais reprend ainsi la position qu’il occupait en 2021 (13,20 %, + 2,56 %).
New Holland et John Deere, avec moins de 5 % des parts de marché chacun, sont respectivement sixième et septième mais demeurent bien loin des performances réalisées sur le marché des « gros » tracteurs.
Dernière précision : si certaines marques affichent des fluctuations importantes, cela s’explique encore par les effets de la crise sanitaire qui a influencé durant de long mois la disponibilité, et donc les ventes, de certains modèles.
Jérémy Vandegoor