Si les résultats peuvent en étonner certains vu le contexte actuel, le rapport économique de Fedagrim est formel. En 2019, les ventes de matériels agricoles et horticoles ont reculé mais les chiffres d’affaires se maintiennent en raison de la taille et du niveau de finition des équipements vendus. Les tendances amorcées ces dernières années se confirment également, mais quelques surprises sont à épingler, comme une hausse spectaculaire du nombre de tracteurs de moins de 50ch écoulés.
Chaque année, Fedagrim – la Fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements pour l’agriculture et les espaces verts – dresse une analyse pointue du secteur en matière de ventes de tracteurs, machines agricoles, matériels d’élevage et outils pour les espaces verts. S’ensuit généralement une présentation à la presse et aux membres de ladite Fédération. Coronavirus oblige, celle-ci s’est déroulée de manière digitale cette année. Peut-être faut-il y voir une manière de travailler qui se généralisera à l’avenir?
Du côté des chiffres à proprement parler, Gert Van Thillo, coordinateur fédération, constate que les ventes accusent une tendance générale à la baisse en 2019. «Toutefois, les chiffres d’affaires se maintiennent car les machines vendues sont plus grandes (que ce soit en largeur de travail ou capacité) et intègrent davantage d’options.» Les ventes à destination de marchés autres que l’agriculture et l’horticulture, comme l’industrie, l’aménagement paysager ou auprès des particuliers, contribuent aussi au maintien du chiffre d’affaires.
2019 a, malgré tout, été une année correcte, avec une évolution positive des ventes au cours des moins de septembre, octobre, novembre et décembre. Les modifications apportées début 2020 à la législation fiscale sur les investissements ont dopé les ventes de fin d’année. Cela s’est notamment ressenti durant Agribex où de nombreux bons de commande ont été signés.
Depuis 2016 déjà, Fedagrim observe aussi que l’agriculture de précision et la robotisation de certaines tâches suscitent un intérêt croissant des agriculteurs et horticulteurs. «Les vendeurs et techniciens doivent donc acquérir de nouvelles connaissances et compétences.»
Davantage de télescopiques et «petits» tracteurs
En ce qui concerne les ventes de tracteurs de moins de 50ch, M. Van Thillo indique que 743unités ont été vendues en 2019 contre environ 500 les années précédentes. La liste des fabricants de ce type de tracteurs s’est agrandie ces dernières années avec l’apparition de nouveaux acteurs asiatiques sur notre marché, dont certains se profilent en «casseurs de prix». Nombre d’entre eux ne s’adressent toutefois qu’aux particuliers, hobbyistes, éleveurs de chevaux… et plus rarement aux usagers professionnels quotidiens que sont les agriculteurs.
Les tracteurs de plus de 50ch voient leurs ventes légèrement reculer: de 2.128 en 2018, elles s’établissent à 2.053 en 2019. Ces chiffres restent néanmoins supérieurs à ceux observés en 2016 et 2017 (environ 1.850unités). 27% des tracteurs vendus affichent une puissance comprise entre 50 et 120ch, 36% entre 120 et 180ch, 28% entre 180 et 250ch et 8% développent une puissance supérieure à 250ch.
Du côté des télescopiques, 851unités ont été vendues en 2019, soit 150 de plus que l’année précédente. Les acheteurs se tournent de plus en plus fréquemment vers les plus grands modèles, en témoignent les chiffres: «54% des télescopiques vendus présentent une hauteur de levage supérieure à 6,50m».
Moissonneuses-batteuses en souffrance
En matière de récolte, les tendances observées diffèrent fortement d’une gamme de produits à l’autre.
Moissonneuses-batteuses et ensileuses
Si les ventes de moissonneuses-batteuses ont progressé de 5unités en 2019 (42ventes contre 37 l’année précédente), la tendance sur 5ans est nettement plus inquiétante. En effet, 73engins de récoltes ont été vendus en 2015… La baisse amorcée ne semble pas vouloir s’arrêter.
Les ventes d’ensileuses sont, quant à elles, restées stables: 43unités en 2019, soit un léger recul de 3unités par rapport à 2018. Si l’on regarde depuis 2015, la tendance est également à la stabilité.
Presses à balles
Ici aussi, la stabilité est de mise, avec 219unités vendues (-2). On notera un accroissement net des ventes de presses à balles carrées, au détriment des modèles à balles rondes et des presses-enrubanneuses.
Remorques autochargeuses
Ce type de matériel fait un retour en force depuis près de 10ans. Cela s’explique par la facilité qu’il représente pour les grandes exploitations laitières et le fait que certains modèles puissent aussi servir au transport de fourrages, comme le maïs. Depuis 2015, une trentaine d’unités sont vendues chaque année, avec un pic à 53 en 2018. 2019 figure dans la moyenne, avec 34ventes.
Traite: les robots gagnent encore du terrain
«Les producteurs laitiers belges poursuivent leur développement. Une fois encore, le nombre de robots de traite vendus sur une année grimpe fortement», observe Gert Van Thillo. En 2019, 138robots sont venus remplacer des salles de traite, contre seulement 88 en 2018. Le nombre d’exploitation installant plusieurs robots est également en hausse.
Le nombre de tanks à lait vendus a augmenté de 92, en 2018, à 114 en 2019. En parallèle, leur capacité augmente. «Deux choses sont à retenir: d’une part, ce marché se redresse; d’autre part, la tendance à se diriger vers des tanks de grande capacité se renforce.»
Parcs et jardins: des batteries chargées à bloc
Depuis 2018, Fedagrim s’intéresse également aux matériels «parcs et jardins» sur batterie. Et Gert Van Thillo de constater que «ce marché s’étend d’année en année, principalement en raison de la facilité que le matériel sur batterie procure aux travailleurs, qu’ils soient des professionnels ou des particuliers». Cette tendance s’observe aussi bien pour les tronçonneuses que pour les coupe-bordures et les taille-haies.
Du côté des tondeuses, le nombre de modèles autoportés vendus recule, en raison du succès que rencontrent les robots de tonte. «Ici aussi, les acheteurs optent clairement pour la facilité.» Les tondeuses sur batterie voient également leurs ventes augmenter.
J.V.